RIEN NE S OPPOSE Ă LA NUIT DE DELPHINE DE VIGAN
Bonjour tout le monde! Me revoiloĂč aprĂšs quelques jours d’Ă©scapade dans le Sud đ
Je sais pas si t’es comme moi, mais l’ĂtĂ© est propice Ă la lecture! Mon dernier roman en date est le cĂ©lĂ©brissime roman de l’annĂ©e 2011 ‘Rien ne s’oppose Ă la nuit” de Dephine de Vigan.
C’est quoi l’histoire ?
La douleur de Lucile, ma mĂšre, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie dâadulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sĆur et moi, mais toute tentative dâexplication est vouĂ©e Ă lâĂ©chec. LâĂ©criture nây peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et dâinterroger la mĂ©moire. La famille de Lucile, la nĂŽtre par consĂ©quent, a suscitĂ© tout au long de son histoire de nombreux hypothĂšses et commentaires. Les gens que jâai croisĂ©s au cours de mes recherches parlent de fascination ; je lâai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, lâĂ©cho inlassable des morts, et le retentissement du dĂ©sastre. Aujourdâhui je sais aussi quâelle illustre, comme tant dâautres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-ĂȘtre, ne serait rien dâautre que ça, le rĂ©cit de cette quĂȘte, contiendrait en lui-mĂȘme sa propre genĂšse, ses errances narratives, ses tentatives inachevĂ©es. Mais il serait cet Ă©lan, de moi vers elle, hĂ©sitant et inabouti. »
Dans cette enquĂȘte Ă©blouissante au cĆur de la mĂ©moire familiale, oĂč les souvenirs les plus lumineux cĂŽtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan dĂ©roule avec force.
C’est qui l’auteur ?
Apparue discrĂštement sur la scĂšne littĂ©raire, Delphine de Vigan a su se faire une place de choix parmi les Ă©crivains français. Directrice d’Ă©tudes dans un institut de sondages, la jeune femme Ă©crit le soir, sans prĂ©tendre Ă la carriĂšre de romanciĂšre qui sera la sienne, avant de pouvoir vivre de sa plume.
AprĂšs la parution, en 2001, d’un premier rĂ©cit d’inspiration autobiographique intitulĂ© ‘Jours sans faim’, c’est avec le recueil de nouvelles ‘Les Jolis Garçons’ et le roman ‘Un soir de dĂ©cembre’, deux ouvrages sur le thĂšme de la dĂ©sillusion amoureuse, que l’Ă©crivain gagne le coeur d’un large public.
Un bouche Ă oreille enthousiaste contribue au triomphe de ‘No et moi’, l’histoire d’une rencontre entre une adolescente surdouĂ©e et une jeune SDF qui vaut Ă son auteur d’ĂȘtre plĂ©biscitĂ©e par les libraires (Prix des libraires 2009) et les lecteurs. MĂȘlant avec justesse les dimensions sociale et intime, l’Ă©crivain poursuit dans ce registre avec le roman ‘Les Heures souterraines’, paru en 2009. En 2010 sort l’adaptation cinĂ©matographique de ‘No et moi’ par Zabou Breitman.
Son roman ‘Rien ne s’oppose Ă la nuit‘ est publiĂ© en aoĂ»t 2011 par les Ă©ditions JC LattĂšs.
Ce que j’en pense ?
A y’ai je l’ai enfin lu! Mon entourage m’en avait souvent parlĂ© mais je me sentais pas prĂȘte Ă le lire!
C’est un sujet pas facile qu’aborde Delphine de Vigan (l’auteur) : retracĂ© la parcours de sa mĂšre… Ce roman est autobiographique. Alors au premier abord j’Ă©tais pas trĂšs encline Ă lire ce genre de thĂšme, puis en faisant le plein de bouquin pour l’ĂtĂ© je me suis laissĂ©e tenter!
Et je n’ai pas Ă©tĂ© déçue, au contraire c’est un roman riche en Ă©motion, trĂšs bien Ă©crit si bien que dans certaines scĂšnes j’avais l’impression d’ĂȘtre Ă cĂŽtĂ© des personnages du livre! Ce roman est sans langue de bois, il est rĂ©aliste parle de la famille (et quelle famille!).
Delphine de Vigan a découpé son roman en trois partie:
1- l’histoire de sa grand mĂšre Liane
ma partie prĂ©fĂ©rĂ©e, Liane est une grand mĂšre un peu OlĂ© OlĂ© mais avec aussi les travers de l’Ă©poque : les non dits… trĂšs belle description de la oĂč finalement tout a commencer!
2- L’histoire de sa mĂšre : Lucile
Lucile semble une piĂšce rapportĂ©e, elle ne semble pas vouloir sâintĂ©grer, elle veut ĂȘtre libre sans ĂȘtre responsable, elle veut ĂȘtre lĂ©gĂšre et nostalgique dâune vision du monde quâelle ne fait que fantasmer. Lucile est malade dans ce monde, dans son monde. Lucile fera deux enfants, aimera, vivra, et puis ne pourra plus faire semblant.
3- son histoire ainsi que son ressenti : Delphine
Delphine de Vigan interroge cette histoire qui lui est si proche et encore si douloureuse.
On peut dire que certaines familles ne sont pas Ă©pargnĂ©es et celle ci en fait partie… Pas fastoche l’enfance et l’adolescence de Delphine de Vigan, au mĂȘme titre que pas simple non plus pour Lucile (sa mĂšre) de trouver sa place dans cette famille et mĂȘme dans le monde qui l’entourait.
J’admire le travail de l’auteure sur son travail de recherche pour avoir dĂ©cortiquer la chronologie de son histoire, j’admire aussi son intĂ©gritĂ©, son honnĂȘtetĂ© par rapport Ă ses sentiments mais surtout le courage d’Ă©crire sur sa mĂšre Lucile 3Ăšme enfant d’une fratrie de 9 belle comme le jour (voir la photo de couverture!).
Contrairement Ă d’autres je n’ai pas pleurĂ© en lisant ce livre, parfois Ă©mue de la justesse du verbe concernant la vision qu’Ă l’auteur sur sa mĂšre…
Un roman poignant d’Ă©motion (voir bouleversant aussi parfois…) que je te laisse dĂ©couvrir cette enquĂȘte Ă©blouissante au cĆur de la mĂ©moire familiale, oĂč les souvenirs les plus lumineux cĂŽtoient les secrets les plus enfouis, cela fera Ă©cho Ă ta propre vie, Ă tes propres blessures…
Extrait du livre “Rien ne s’oppose Ă la nuit”
Ma mĂšre Ă©tait bleue, d’un bleu pĂąle mĂȘlĂ© de cendres, les mains Ă©trangement plus foncĂ©es que le visage, lorsque je l’ai trouvĂ©e chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tachĂ©es d’encre, au pli des phalanges.
Ma mĂšre Ă©tait morte depuis plusieurs jours.
J’ignore combien de secondes voire de minutes il me fallut pour le comprendre, malgrĂ© l’Ă©vidence de la situation (ma mĂšre Ă©tait allongĂ©e sur son lit et ne rĂ©pondait Ă aucune sollicitation), un temps trĂšs long, maladroit et fĂ©brile, jusqu’au cri qui est sorti de mes poumons, comme aprĂšs plusieurs minutes d’apnĂ©e. Encore aujourd’hui, plus de deux ans aprĂšs, cela reste pour moi un mystĂšre, par quel mĂ©canisme mon cerveau a-t-il pu tenir si loin de lui la perception du corps de ma mĂšre, et surtout de son odeur, comment a-t-il pu mettre tant de temps Ă accepter l’information qui gisait devant lui ? Ce n’est pas la seule interrogation que sa mort m’a laissĂ©e.
Quatre ou cinq semaines plus tard, dans un Ă©tat d’hĂ©bĂ©tude d’une rare opacitĂ©, je recevais le prix des libraires pour un roman dont l’un des personnages Ă©tait une mĂšre murĂ©e et retirĂ©e de tout qui, aprĂšs des annĂ©es de silence, retrouvait l’usage des mots. A la mienne j’avais donnĂ© le livre avant sa parution, fiĂšre sans doute d’ĂȘtre venue Ă bout d’un nouveau roman, consciente cependant, mĂȘme Ă travers la fiction, d’agiter le couteau dans la plaie.
Je n’ai aucun souvenir du lieu oĂč se passait la remise du prix, ni de la cĂ©rĂ©monie elle-mĂȘme. La terreur je crois ne m’avait pas quittĂ©e ; je souriais pourtant. Quelques annĂ©es plus tĂŽt, au pĂšre de mes enfants qui me reprochait d’ĂȘtre dans la fuite en avant (il Ă©voquait cette capacitĂ© exaspĂ©rante Ă faire bonne figure en toute circonstance), j’avais rĂ©pondu pompeusement que j’Ă©tais dans la vie.
Je souriais aussi au dĂźner qui fut donnĂ© en mon honneur, ma seule prĂ©occupation Ă©tant de tenir debout, puis assise, de ne pas m’effondrer d’un seul coup dans mon assiette, dans un mouvement de plongeon similaire Ă celui qui m’avait projetĂ©e, Ă l’Ăąge de douze ans, la tĂȘte la premiĂšre dans une piscine vide. Je me souviens de la dimension physique, voire athlĂ©tique, que revĂȘtait cet effort, tenir, oui, mĂȘme si personne n’Ă©tait dupe. Il me semblait qu’il valait mieux contenir le chagrin, le ficeler, l’Ă©touffer, le faire taire, jusqu’au moment oĂč enfin je me retrouverais seule, plutĂŽt que me laisser aller Ă ce qui n’aurait pu ĂȘtre qu’un long hurlement ou, pire encore, un rĂąle, et m’eĂ»t sans aucun doute plaquĂ©e au sol. Au cours des derniers mois les Ă©vĂšnements qui me concernaient s’Ă©taient singuliĂšrement prĂ©cipitĂ©s, et la vie, cette fois encore, fixait la barre trop haut. Ainsi, me semblait-il, le temps de la chute, n’y avait-il rien d’autre Ă faire que bonne figure, ou bien faire face (quitte Ă faire semblant).
Et pour cela je sais depuis longtemps qu’il est prĂ©fĂ©rable de se tenir debout que couchĂ©, et d’Ă©viter de regarder en bas.
Dans les mois qui ont suivi j’ai Ă©crit un autre livre sur lequel je prenais des notes depuis plusieurs mois. Avec le recul j’ignore comment cela a Ă©tĂ© possible, si ce n’est qu’il n’y avait rien d’autre, une fois que mes enfants Ă©taient partis Ă l’Ă©cole et que j’Ă©tais dans le vide, rien d’autre que cette chaise devant l’ordinateur allumĂ©, je veux dire pas d’autre endroit oĂč m’asseoir, oĂč me poser. AprĂšs onze annĂ©es passĂ©es dans la mĂȘme entreprise – et un long bras de fer qui m’avait laissĂ©e exsangue – je venais d’ĂȘtre licenciĂ©e, consciente d’en Ă©prouver un certain vertige, quand j’ai trouvĂ© Lucile chez elle, si bleue et si immobile, et alors le vertige s’est transformĂ© en terreur puis la terreur en brouillard. J’ai Ă©crit chaque jour, et je suis seule Ă savoir combien ce livre qui n’a rien Ă voir avec ma mĂšre est empreint pourtant de sa mort et de l’humeur dans laquelle elle m’a laissĂ©e. Et puis le livre a paru, sans ma mĂšre pour laisser sur mon rĂ©pondeur les messages les plus comiques qui fussent au sujet de mes prestations tĂ©lĂ©visĂ©es.
Un soir de ce mĂȘme hiver, alors que nous rentrions d’un rendez-vous chez le dentiste et marchions cĂŽte Ă cĂŽte sur le trottoir Ă©troit de la rue de la Folie-MĂ©ricourt, mon fils m’a demandĂ©, sans prĂ©avis et sans que rien, dans la conversation qui avait prĂ©cĂ©dĂ©, ait pu l’amener Ă cette question :
– Grand-mĂšre… elle s’est suicidĂ©e, en quelque sorte ?
Encore aujourd’hui quand j’y pense cette question me bouleverse, non pas son sens mais sa forme, ce en quelque sorte dans la bouche d’un enfant de neuf ans, une prĂ©caution Ă mon endroit, une maniĂšre de tĂąter le terrain, d’y aller sur la pointe des pieds. Mais peut-ĂȘtre Ă©tait-ce de sa part une vĂ©ritable interrogation : compte tenu des circonstances, la mort de Lucile devait-elle ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un suicide ?
Le jour oĂč j’ai trouvĂ© ma mĂšre chez elle, je n’ai pas pu rĂ©cupĂ©rer mes enfants. Ils sont restĂ©s chez leur pĂšre. Le lendemain je leur ai annoncĂ© la mort de leur grand-mĂšre, je crois que j’ai dit quelque chose comme “Grand-mĂšre est morte” et, en rĂ©ponse aux questions qu’ils me posaient : “elle a choisi de s’endormir” (pourtant j’ai lu Françoise Dolto). Quelques semaines plus tard, mon fils me rappelait Ă l’ordre : un chat s’appelait un chat. Grand-mĂšre s’Ă©tait suicidĂ©e, oui, foutue en l’air, elle avait baissĂ© le rideau, dĂ©clarĂ© forfait, lĂąchĂ© l’affaire, elle avait dit stop, basta, terminado, et elle avait de bonnes raisons d’en arriver lĂ .
Je ne sais plus quand est venue l’idĂ©e d’Ă©crire sur ma mĂšre, autour d’elle, ou Ă partir d’elle, je sais combien j’ai refusĂ© cette idĂ©e, je l’ai tenue Ă distance, le plus longtemps possible, dressant la liste des innombrables auteurs qui avaient Ă©crit sur la leur, des plus anciens aux plus rĂ©cents, histoire de me prouver combien le terrain Ă©tait minĂ© et le sujet galvaudĂ©, j’ai chassĂ© les phrases qui me venaient au petit matin ou au dĂ©tour d’un souvenir, autant de dĂ©buts de romans sous toutes les formes possibles dont je ne voulais pas entendre le premier mot, j’ai Ă©tabli la liste des obstacles qui ne manqueraient pas de se prĂ©senter Ă moi et des risques non mesurables que j’encourais Ă entreprendre un tel chantier.
Ma mÚre constituait un champ trop vaste, trop sombre, trop désespéré : trop casse-gueule en résumé.
J’ai laissĂ© ma soeur rĂ©cupĂ©rer les lettres, les papiers et les textes Ă©crits par Lucile, en constituer une malle spĂ©ciale qu’elle descendrait bientĂŽt dans sa cave.
Je n’avais ni la place ni la force.
Et puis j’ai appris Ă penser Ă Lucile sans que mon souffle en soit coupĂ© : sa maniĂšre de marcher, le haut du corps penchĂ© en avant, son sac tenu en bandouliĂšre et plaquĂ© sur la hanche, sa maniĂšre de tenir sa cigarette, Ă©crasĂ©e entre ses doigts, de foncer tĂȘte baissĂ©e dans le wagon du mĂ©tro, le tremblement de ses mains, la prĂ©cision de son vocabulaire, son rire bref, qui semblait l’Ă©tonner elle-mĂȘme, les variations de sa voix sous l’emprise d’une Ă©motion dont son visage ne portait parfois aucune trace.
J’ai pensĂ© que je ne devais rien oublier de son humour Ă froid, fantasmatique, et de sa singuliĂšre aptitude Ă la fantaisie.
J’ai pensĂ© que Lucile avait Ă©tĂ© successivement amoureuse de Marcello Mastroianni (elle prĂ©cisait : “vous m’en mettrez une demi-douzaine”), de Joshka Schidlow (un critique thĂ©Ăątre de TĂ©lĂ©rama qu’elle n’avait jamais vu mais dont elle louait la plume et l’intelligence), d’un homme d’affaires prĂ©nommĂ© Edouard, dont nous n’avons jamais connu la vĂ©ritable identitĂ©, de Graham, un authentique clochard du 14e arrondissement, violoniste Ă ses heures et mort assassinĂ©. Je ne parle pas des hommes qui ont vraiment partagĂ© sa vie. J’ai pensĂ© que ma mĂšre avait dĂ©gustĂ© une poule au pot avec Claude Monet et Emmanuel Kant, lors d’une mĂȘme soirĂ©e dans une banlieue lointaine dont elle Ă©tait rentrĂ©e par le RER, et s’Ă©tait vue privĂ©e de chĂ©quier pendant des annĂ©es pour avoir distribuĂ© son argent dans la rue. J’ai pensĂ© que ma mĂšre avait contrĂŽlĂ© le systĂšme informatique de son entreprise, ainsi que l’ensemble du rĂ©seau RATP, et dansĂ© sur les tables des cafĂ©s.
Je ne sais plus Ă quel moment j’ai capitulĂ©, peut-ĂȘtre le jour oĂč j’ai compris combien l’Ă©criture, mon Ă©criture, Ă©tait liĂ©e Ă elle, Ă ses fictions, ces moments de dĂ©lire oĂč la vie lui Ă©tait devenue si lourde qu’il lui avait fallu s’en Ă©chapper, oĂč sa douleur n’avait pu s’exprimer que par la fable.
Alors j’ai demandĂ© Ă ses frĂšres et soeurs de me parler d’elle, de me raconter. Je les ai enregistrĂ©s, eux et d’autres, qui avaient connu Lucile et la famille joyeuse et dĂ©vastĂ©e qui est la nĂŽtre. J’ai stockĂ© des heures de paroles numĂ©riques sur mon ordinateur, des heures chargĂ©es de souvenirs, de silences, de larmes et de soupirs, de rires et de confidences.
J’ai demandĂ© Ă ma soeur de rĂ©cupĂ©rer dans sa cave les lettres, les Ă©crits, les dessins, j’ai cherchĂ©, fouillĂ©, grattĂ©, dĂ©terrĂ©, exhumĂ©. J’ai passĂ© des heures Ă lire et Ă relire, Ă regarder des films, des photos, j’ai reposĂ© les mĂȘmes questions, et d’autres encore.
Et puis, comme des dizaines d’auteurs avant moi, j’ai essayĂ© d’Ă©crire ma mĂšre.
Depuis plus d’une heure Lucile observait ses frĂšres, leur Ă©lan du sol Ă la pierre, de la pierre Ă l’arbre, de l’arbre au sol, dans un ballet discontinu qu’elle avait du mal Ă suivre, rassemblĂ©s maintenant en cercle autour de ce qu’elle avait devinĂ© ĂȘtre un insecte mais qu’elle ne pouvait voir, aussitĂŽt rejoints par leurs soeurs, fĂ©briles et empressĂ©es, qui tentaient de se frayer une place au milieu du groupe. Au vu de la bestiole, les filles poussĂšrent des hurlements, on croirait qu’on les Ă©gorge avait pensĂ© Lucile, tant leurs cris Ă©taient stridents, ceux de Lisbeth surtout, qui sautait comme un cabri tandis que Justine appelait Lucile de sa voix la plus perçante, afin qu’elle vĂźnt voir sans plus attendre. Dans sa robe en crĂȘpe de soie claire, les jambes croisĂ©es de telle sorte que rien ne pĂ»t se froisser, ses socquettes tirĂ©es sans un pli sur ses chevilles, Lucile n’avait aucune intention de bouger. Assise sur son banc, elle ne perdait pas une seconde de la scĂšne qui se jouait devant elle, mais, pour rien au monde, n’eĂ»t rĂ©duit la distance qui la sĂ©parait de ses frĂšres et soeurs, auxquels d’ailleurs s’Ă©taient joints d’autres enfants attirĂ©s par les cris. Chaque jeudi, Liane, leur mĂšre, envoyait sa marmaille au square, sans exception aucune, les plus grands ayant pour mission de surveiller les petits, et pour unique consigne de ne pas revenir avant deux heures. Dans un bruit de fanfare, la fratrie quittait l’appartement de la rue de Maubeuge, descendait les cinq Ă©tages, traversait la rue Lamartine puis la rue de Rochechouart, avant d’entrer dans le square, triomphante et remarquable, car nul ne pouvait ignorer ces enfants que seulement quelques mois sĂ©paraient les uns des autres, leur blondeur qui confinait au blanc, leurs yeux clairs et leurs jeux bruyants. Pendant ce temps, Liane s’allongeait sur le premier lit venu et dormait d’un sommeil de plomb, deux heures de silence pour rĂ©cupĂ©rer des grossesses, des accouchements et des allaitements rĂ©pĂ©tĂ©s, des nuits entrecoupĂ©es de pleurs et de cauchemars, des lessives et des couches sales, des repas qui revenaient sans trĂȘve.
Lucile toujours s’installait sur le mĂȘme banc, un peu Ă l’Ă©cart, mais suffisamment proche du point stratĂ©gique que constituaient les trapĂšzes et les balançoires, idĂ©al pour une vision d’ensemble. Parfois elle acceptait de jouer avec les autres, parfois elle restait lĂ , Ă trier dans sa tĂȘte, expliquait-elle, mais elle ne prĂ©cisait jamais quoi, ou seulement d’un geste vague dĂ©signait l’alentour. Lucile triait les cris, les rires, les pleurs, les allĂ©es et venues, le bruit et le mouvement perpĂ©tuels dans lesquels elle vivait. Quoi qu’il en soit, Liane Ă©tait de nouveau enceinte, ils seraient bientĂŽt sept, puis sans doute huit et peut-ĂȘtre davantage. Parfois Lucile se demandait s’il y avait une limite Ă la fĂ©conditĂ© de sa mĂšre, si son ventre pouvait ainsi se remplir et se vider sans fin, et produire des bĂ©bĂ©s roses et lisses que Liane dĂ©vorait de son rire et de ses baisers. Mais peut-ĂȘtre les femmes Ă©taient-elles soumises Ă un nombre d’enfants limitĂ© que Liane aurait bientĂŽt atteint et qui, enfin, laisserait son corps inoccupĂ©. Les pieds dans le vide, assise exactement au milieu du banc, Lucile pensait au bĂ©bĂ© Ă venir, dont la naissance Ă©tait prĂ©vue pour le mois de novembre. Un bĂ©bĂ© noir. Car tous les soirs, avant de s’endormir dans la chambre des filles qui contenait dĂ©jĂ trois lits, Lucile rĂȘvait d’une petite soeur d’un noir absolu, irrĂ©mĂ©diable, dodue et luisante comme un boudin, que ses frĂšres et soeurs n’oseraient approcher, une petite soeur dont personne ne comprendrait les pleurs, qui hurlerait sans cesse et que ses parents finiraient par lui cĂ©der. Lucile prendrait le bĂ©bĂ© sous son aile et dans son lit, et serait la seule, elle qui pourtant haĂŻssait les poupĂ©es, Ă pouvoir s’en occuper. Le bĂ©bĂ© noir dorĂ©navant s’appellerait Max, comme le mari de Madame Estoquet, sa maĂźtresse, qui Ă©tait routier. Le bĂ©bĂ© noir sans restriction lui appartiendrait, lui obĂ©irait en toute circonstance, et la protĂ©gerait.
Les cris de Justine sortirent Lucile de ses pensĂ©es. Milo avait mis le feu Ă l’insecte qui avait flambĂ© en moins d’une seconde. Justine s’Ă©tait rĂ©fugiĂ©e dans les jambes de Lucile, son petit corps secouĂ© par les sanglots, et la tĂȘte posĂ©e sur ses genoux. Tandis que Lucile caressait les cheveux de sa soeur, elle aperçut le filet de morve verte qui coulait sur sa robe. Ce n’Ă©tait pas le jour. D’un geste ferme elle releva le visage de Justine, lui ordonna d’aller se moucher. La petite voulait lui montrer le cadavre, Lucile finit par se lever. De la bĂȘte il ne restait que quelques cendres et un bout de carapace racorni. Du pied, Lucile les recouvrit de sable, puis leva la jambe et cracha dans sa main pour frotter sa sandale. Ensuite elle sortit un kleenex de sa poche, essuya les larmes et le nez de Justine avant de prendre son visage entre ses mains pour l’embrasser, un baiser sonore comme ceux de Liane, les lĂšvres bien collĂ©es sur la rondeur des joues.
Bonne lecture!
DANS L’IPHONE de FPTS #3
Bonjour tout le monde! A y’ai le soleil est reviendu et c’est beaucoup mieux comme ça!
Aller je te propose ma semaine en images histoire de te divertir dans ta folle journée!!
Et oui je continue toujours mes footings! Et ça fait du bien au corps et Ă la tĂȘte!!
Un peu de verdure ça fait du bien! Z’ont remis plein de fleurs sur les Berges du RhĂŽne! C’est printanier j’aime bien…
Ouiiiii j’ai craquĂ© pendant les Soldes : mes nouvelles sandales complĂštement colorĂ©es!
Un petit Lapin CrĂ©tin qui cache une clĂ© USB!! Trop mignon! Je l’ai offert sympa comme idĂ©e cadeau nan ?
De trop mignonnes KJacques pour petites filles! J’adore…
La pause ThĂ© du vendredi matin avec les keupines! ben vi Vendredi c’est Free Friday!
Mon fiston qui Ă©crit au tableau avec sa jolie fote d’ortographe Ă jambon : je suis fan!
Hummm une bonne adresse de resto-filles avec des cassolettes pour chaque jour! (je t’en re-parle bientĂŽt sur le blog!)
Essayage de compensĂ©e chez Texto! Ben quoi on sait jamais des fois que…
FĂȘte de l’Ă©cole : oui c’est bientĂŽt fini!!! VIVE LES VACANCES!
Et toi ta semaine s’est bien dĂ©roulĂ©e?!
Bon je serais pas trop lĂ en fin de semaine, je serais dans le sud đ alors Ă bientĂŽt pour de nouvelles aventures!
DIOR GOLDEN JUNGLE MANUCURE AUTOMNE 2012
Bonjour! Sympa ce temps d’automne hein ? On se croirait en Octobre pffffff, dĂ©cidĂ©ment l’ĂtĂ© 2012 est bien pourri cahotique!
Du coup j’en profite pour t’annoncer une nouvelle collection pour l’Automne ben vi je suis comme ça faut pas perdre le nord!
Y’a de la nouveautĂ© verniesque, oui oui, du vrai ton automnal sur tes ongles! MĂȘme que c’est un peu Army comme couleur, on fait dans le militaire Ă la rentrĂ©e!
Golden Jungle Duo Dior Vernis, Amazonia, Bengale…
Mais attends c’est pas tout! Toi tu crois que tu vas te peinturlurer les ongles juste comme ça… Que nenni que point! Dior innove, se met au diapason et te propose un vernis craquelĂ©!
Tadammmm
Bon je te l’accorde moi le craquelĂ© c’est pas mon truc hien ? Je trouve pas ça terrible terrible! Heureusement t’es pas obligĂ© de le faire! ahahah tu peux simplement faire de la mono-couleur comme ceci
C’est ambiance Savane Ă la rentrĂ©e attention!!
VoilĂ voilĂ alors sĂ©duite ou pas ? En mĂȘme temps j’ai juste envie de te dire que la rentrĂ©e 2012 c’est Choco Chocolat, et wouais comme y’a 4 ans! Alors va falloir t’y faire!
Bon perso moi ce choco au lait sur les ongles de la dame ça me dĂ©plait pas! Le seul truc c’est que lĂ je suis plutĂŽt orange, corail toussa les couleurs de l’Ă©tĂ©, alors si le soleil pouvait revenir ça m’arrangerais!
On aura tout l’hiver (beurk) pour se prendre pour des animaux sauvages!!!
Bon Ă©videment la maison Dior te propose toute la gamme hein! : du fard de la paupiĂšre Ă le gloss!! Pour que tu sois raccord dans ton nouveau style Jungle!!
C’est fin AĂŽut que tu trouveras tous ces nouveautĂ©s dans ta parfumerie prĂ©fĂ©rĂ©e!!
La belle journée sous la pluie!
Alors Séduite par ces nouveautés ?